Environ 25 personnes étaient présents ce mardi 7 mai au soir à Avranches pour une conférence sur la place de l’animal dans l’agriculture, organisée par la section Sud Manche PCF Manche dans le cadre de la campagne des Européennes. Merci à Jacky et Philippe pour l’installation de la salle.
Plusieurs intervenants programmés :
Sophie Barreau, formatrice équestre et chercheuse, membre de la section, a commencé par expliquer les raisons de son engagement dans les questions de la place de l’animal dans notre société, après avoir pris conscience qu’elle ne pouvait plus continuer à travailler avec des animaux sans respect. Elle est également intervenue pour parler de deux exploitations visitées par l’équipe dans la journée : une porcherie qui suit les principes industriels actuels ( beaucoup d’animaux parqués sans réel espace de liberté), mais qui génère des revenus importants, et une chèvrerie où le jeune couple d’éleveurs fabrique des fromages en essayant d’être attentifs aux cycles naturels des animaux et leur cadre de vie, mais qui s’est retrouvé avec des difficultés financières, notamment liées au manque d’aide pendant la crise du Covid. (Cependant aujourd’hui la courbe redevient positive).
Lise Gaignard, psychanalyste, a développé la conceptualisation du travail sur lequel elle a écrit, et sur le travail animal, présent partout ( l’accompagnement de personnes vulnérables, la conduite de troupeaux d’élevage, la réalisation de performances scéniques, l’intervention policière dans l’espace public, etc.) qui éclaire la manière dont les animaux mobilisent leur subjectivité pour réaliser les multiples tâches qui leur sont confiées au quotidien avec les humains. Et donc à partir de là, leur faire une place sociale au même titre qu’un travailleur.
Jocelyne Porcher, zootechnicienne et sociologue à l’INRAE, a retracé d’une part l’ histoire de l’élevage d’une part, de l’autre l’apparition, à partir de la moitié du XIX e siècle, de la « production animale », c’est à dire une politique qui soutient une vision ultra libérale du développement de l’agriculture, que le cœur du métier d’éleveur « n’est pas de produire de la matière animale exportable, mais de nourrir, de vivre et de travailler avec les bêtes ».Elle a interpellé les partis sur cette question de la place de l’animal peu présente dans les discours. Elle a aussi alerté sur les dangers de ce qui est mis aujourd’hui sur le vocable de « bien être animal » et de « véganisme ».
Nadège Plaineau et Erwan Saladin, pour le PCF, ont rappelé que les 15 propositions de la liste Gauche Unie pour le monde du travail affirmaient clairement le choix de développer une agriculture paysanne, ayant pour objectif d’améliorer les conditions de vie des agriculteurs et le respect de l’environnement. Mais il est vrai qu’il faudrait plus prendre en compte dans nos analyses la question de l’animal lui-même, du vivant dans sa globalité. Macron et Attal, et la FNSEA, ont détourné le sens de la colère de la plupart des agriculteurs en accusant les mesures environnementales, écologiques. C’est une grave erreur qui aura des conséquences pour tout le monde. Les pouvoirs publics devraient plutôt chercher à venir en aide directement, en intervenant de manière plus volontariste dans la formation, le conseil, l’installation, à l’exemple de la ferme collective de la Mouvette à Courcy où six jeunes agriculteurs aux compétences complémentaires ont pu s’installer sur une ferme suite à un appel à projet du département.
Jacky a rappelé l’action des sénateurs communistes à l’origine du vote contre l’application du CETA, traité de libre échange entre l’UE et le Canada.
Au cours de la collation qui a suivi de riches débats et interventions dans la salle, les personnes présentes ont souligné la qualité de la conférence et appelé à proposer à nouveau ce type d’événement, tout en dégustant de très bons fromages de la chèvrerie Le Petit-Saint-Poisien.
Propositions de lecture :
Cause animale, cause du capital de Jocelyne Porcher.
Les psychanalystes et le travail de Lise Gaignard.